Vie religieuse

Léonie Martin

Porte par laquelle est entrée Léonie

Léonie franchit, pour la troisième fois, le seuil du monastère le 28 janvier 1899 pour y rester définitivement. Admise au postulat le 1er février 1899, dès le lendemain elle écrit à ses sœurs carmélites : « Je veux grandir et rester petite tout à la fois. Voilà ma seule ambition : me cacher comme l’humble violette sous les feuilles de la parfaite soumission. » Elle prend, à sa prise d’habit du 30 juin 1899, le nom de Sœur Françoise-Thérèse. La voici pour un an au noviciat, toute livrée à l’étude des constitutions et du directoire. Les exercices spirituels prêchés à la Communauté, du 15 au 23 septembre, par le père Le Bachelot, Jésuite, semblent l’avoir galvanisée. « Cette retraite a produit en moi tout un renouvellement. Je comprends mieux ma vocation et l’estime davantage…»

Sœur Françoise-Thérèse

Sœur Françoise-Thérèse

Son engagement définitif eut lieu le 2 juillet 1900. La messe fut célébrée à neuf heures par l’abbé Lepelletier, curé-doyen de Saint-Etienne, qui avait jadis, à Lisieux, connu la famille Martin. Le sermon de Profession est prononcé par le chanoine Levasseur, qui avait donné celui de la prise d’habit le 30 juin 1899. En l’absence de Monsieur Guérin et de sa fille, tous deux malades, le docteur Francis La Néele représentait la famille. Il fit part à Lisieux de ses impressions : « Léonie était transfigurée, elle était vraiment belle, il nous semblait que le Saint-Esprit reposait sur elle. » Léonie confiera : « Le lendemain, ma joie fut grande de pouvoir presser sur mon cœur ma croix qui m’avait coûté si cher ! »

La vie de Sœur Françoise-Thérèse, comme celle de ses Sœurs à la Visitation, est une vie de renoncement, de prière et de travail. C’est avec un soin méticuleux et sa lenteur naturelle, qu’elle accomplit les occupations qui lui sont confiées. Elle sera toujours  en « sous-ordre » dans les emplois, soit à la sacristie, à l’infirmerie, à l’économat, au réfectoire et à la lingerie.

Dans la communauté, Sœur Françoise-Thérèse se considérait vraiment comme une servante inutile et la dernière. Elle entrait pleinement dans l’idéal de la Visitation fait de douceur, de joie, d’humilité et de simplicité dans les rapports fraternels. Pleine de bonté et de disponibilité à rendre service, elle était particulièrement attentive aux jeunes Sœurs, se souvenant des difficultés de ses débuts.

Cloître Léonie Martin

Cloître du monastère à l’époque de Léonie. La croix indique la dernière chambre occupée par Léonie.

Le Seigneur la garde dans la vie cachée ; n’a-t-elle pas dit : « j’ai soif de disparaître, de m’effacer… » Et encore : « La petitesse fait tout mon bonheur et toute ma joie ! » ?

Elle affectionne particulièrement l’ « Histoire d’une âme ».
Dans ce livre autobiographique de Thérèse, elle retrouve toute la doctrine salésienne… En effet, les textes salésiens étaient connus de la famille Martin et l’enseignement du saint évêque imprégnait fortement chacun de ses membres. Il n’est donc pas étonnant de retrouver chez Thérèse, qui avait grandi dans cette ambiance, des expressions très proches de celles de François de Sales.

Citons-en quelques exemples : « j’aime tout ce que Dieu fait. » dit le saint évêque et Thérèse : « C’est tout ce qu’il fait que j’aime ! ». François de Sales : « Soyez petite comme un enfant d’amour entre les bras de votre père… où vous ne pourrez marcher il vous portera… » Thérèse : « La sainteté consiste en une disposition du cœur qui nous rend humbles et petits entre les bras de Dieu ».

« Ne demandez rien, ne refusez rien » répétait François de Sales. En écho, Thérèse nous dit : « je ne choisis plus rien. Je ne veux que ce qu’il veut ! » On pourrait multiplier les citations… On comprend donc pourquoi Léonie peut entrer sans aucune difficulté dans le sillage de Thérèse et qu’elle puisse écrire à ses sœurs carmélites : « Ma spiritualité est celle de Thérèse et par conséquent, celle de notre saint Fondateur. Sa doctrine et la sienne c’est tout un. Elle est l’âme que notre grand docteur rêvait ! » Le cœur de Léonie est celle des quatre sœurs de Thérèse qui a le mieux compris et le mieux vécu la petite Voie. Léonie se détend, se pacifie, se transforme et elle écrit : « je suis comme fondue de reconnaissance envers Dieu qui m’a prévenue de tant d’amour, et qui m’a déposée dans ce doux vestibule du ciel qu’est la Visitation. »

Travail Léonie Martin

Chasuble et linge d’autel sur lesquels Léonie a travaillé

Escalier emprunté par Léonie pour rejoindre sa chambre

Escalier emprunté par Léonie pour rejoindre sa chambre

Très gaie aux récréations, elle met son bonheur à rendre service et à faire plaisir, pleine de prévenance et de délicatesse.
Mais il n’empêche qu’elle ressentit une vive peine le jour où un évêque de Bayeux, au cours d’une homélie, nomma les sœurs carmélites de Thérèse et… oublia complètement de parler de la sœur visitandine !
Par ailleurs son humour se fait jour lorsqu’un prêtre, sonnant à la porte du monastère, lui demande s’il pourrait voir la sœur de sainte Thérèse.
Il s’entend répondre : « je vais demander mais je ne crois pas que cela soit possible ! » « Oh je le regretterais beaucoup. » répartit le prêtre.
Ce à quoi son interlocutrice répond : « pourtant, monsieur l’Abbé, je puis vous assurer que vous n’y perdrez rien. »
Et elle s’éclipse tandis que le prêtre se retire, stupéfait et même scandalisé jusqu’à ce que, rencontrant l’aumônier du monastère à qui il raconte, d’un ton réprobateur, ce qui s’est passé, il s’entend répondre en riant : « Mais, c’est elle, la sœur de Sainte Thérèse qui vous a dit cela ! ». Nous pouvons constater que, dans la famille Martin, la fidélité à l’Évangile n’excluait nullement l’humour !

Leonie-Martin-Sœur-Francoise-Therese

Dernière photo de Sœur Francoise-Thérèse, prise six mois avant sa mort.

Sa dernière photo, prise six mois avant sa mort, montre un visage serein, pacifié, avec un sourire où se découvre un peu de malice. La fantasque petite fille d’autrefois est devenue une religieuse rayonnante de paix, d’équilibre, de sérénité !
Quelques mois avant sa mort, le 17 juin 1941, Mère Agnès (sa sœur Pauline) lui avait écrit : « j’aimerais que tu viennes rejoindre Marie dans le caveau que nous avons préparé pour nous quatre, sous la châsse de Thérèse ».
Léonie avait souri, mais avait très gentiment répondu : « je suis visitandine, je voudrais rester à la Visitation ! » Son souhait fut exaucé : elle est inhumée dans la Crypte du monastère de la Visitation de Caen, ce monastère où elle avait tant désiré vivre !

tombe-leonie-martin

La tombe de Sœur Françoise-Thérèse avant son exhumation le 25 avril 2015.

Tombeau Léonie Martin

Tombeau dans la chapelle du monastère où repose Léonie Martin depuis le 21 janvier 2017.

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